L’appel dans le Figaro du 6 avril dernier, de trois sommités du Monde Médical, les Prs Calvo,  Harousseau et Maraninchi, anciens responsables des plus hautes institutions françaises (Institut National du Cancer, Haute Autorité de Santé et Agence Nationale de Sécurité du Médicament), à soutenir les recommandations du Pr Raoult résonne comme un coup de tonnerre dans le paysage scientifique.

La controverse : le niveau de preuve apporté par l’équipe de Marseille est-il suffisant pour permettre, dès à présent, l’utilisation précoce de l’association d’hydroxychloroquine et d’azithromycine chez les patients atteints du COVID-19 ?  Pour une partie de la communauté scientifique, seuls les essais cliniques en cours, avec des méthodologies validées, permettront de conclure à la réalité ou non du bénéfice et de la diminution de la charge virale qui préviendrait les complications les plus graves.

Selon les trois signataires de la lettre à l’éditeur, l’essai européen en cours risque de ne pas répondre à la question du traitement précoce, pour la bonne raison que l’association thérapeutique ne sera utilisée que pour les formes graves, plus de sept jours après l’apparition des premiers symptômes.

Les autorités sanitaires française ont autorisé l’utilisation de ce traitement chez les patients hospitalisés, donc essentiellement dans les formes graves, mais pas encore pour les atteintes plus précoces. La nouvelle étude du Pr Raoult chez 80 patients traités dès le diagnostic rapporte des disparitions rapides de la charge virale chez 78 d’entre eux. Les trois experts pensent ainsi que, malgré l’absence de méthodologie de référence, l’utilisation précoce de l’association de traitements proposée par Marseille ‘pourrait permettre d’éviter l’aggravation et en particulier le transfert en réanimation’. Ils pensent ainsi ‘légitime’ de mettre en place cette nouvelle stratégie, couplée à un accès élargi aux test diagnostiques, pour espérer une diminution de la période de contagiosité et participer à l’éradication de l’épidémie’.

Le choix de la précaution n’est-il pas risqué dans le contexte de ‘guerre sanitaire’ ? Les Pr Cano, Harousseau et Maraninchi s’interrogent sur ce ‘pari politique’

La question d’ouvrir la prescription de l’hydroxychloroquine pour les malades de ville non hospitalisés est ainsi posée.