Deux urgentistes des régions françaises les plus touchées par l’épidémie, le Pr Philippe Juvin (Maire de la Garenne Colombes) et le Dr Jean Rottner (Président de la Région Grand Est) ont émis de sérieuses réserves, dans une lettre au Figaro le 29 avril : « Les conditions médicales du déconfinement » ne sont pas remplies (« clairement non ») pour éviter une deuxième vague, fin mai ou début juin, qui pourrait « submerger le système de santé et causer de très nombreux décès ». Si on approche des 30 000 morts alors que moins de 10% de la population a contracté l’infection, on peut imaginer la situation en cas d’exposition de 50% des français…
La seule arme pour prévenir ce « scénario catastrophe » : se préparer, avec sept prérequis pour un déconfinement réussi :
- Accélérer le processus de décision dans le pays, avec « enfin un pilote unique dans l’avion »,
- Protéger : des masques à chaque sortie, dans les transports et à la maison au moindre signe, en expliquant au grand public comment les fabriquer grâce à un tutoriel officiel, comme cela a été fait aux Etats-Unis dès le début de l’épidémie (CDC d’Atlanta),
- Dépister très rapidement les clusters naissants avec des enquêtes épidémiologiques de terrain,
- Isoler : « Ne pas renvoyer les cas positifs dans leur famille et sans masque (80% des clusters en Chine sont nés à la maison) » avec une capacité d’hébergement spécifique (hôtels…),
- Tester bien au-delà des seules personnes symptomatiques, notamment celles « confinées obligatoires » (Ehpad, prisons…) ou indispensables au fonctionnement du pays (police, hôpitaux…),
- Reconstituer : les stocks de médicaments, surblouses et les forces vives des soignants,
- Prévoir : une réserve stratégique de lits de réanimation pour faire face aux
vagues de nouveaux patients Covid mais aussi de patients non-Covid dont l’état
s’est dégradé pendant la période de confinement.
Les deux experts estiment que si la situation n’évolue pas « on devra avoir le courage de l’expliquer aux français et de repousser la date ou de déconfiner moins que prévu ». On comprend mieux pourquoi le gouvernement a prévu une évaluation de la situation à la date du 7 mai …