La parution dans The Lancet, le 22 mai, d’une étude rétrospective montrant (1) un excès de mortalité (jusqu’à 5 fois plus) parmi les 15 000 malades hospitalisés et ayant reçu, dans les deux jours suivant le diagnostic d’infection à Covid-19, de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine en monothérapie ou en association avec l’azithromycine, et, (2) une absence de confirmation d’ un bénéfice sur le pronostic des patients hospitalisés, n’a pas laissé indifférent le Pr Didier Raoult. « Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite avec les Big data change ce que nous avons sur les électrocardiogrammes ? Ici, on en a fait 10 000 chez les malades, qui ont tous été vus par l’équipe d’un professeur de rythmologie, c’est-à-dire un cardiologue spécialisé dans l’analyse électrique du cœur » déclare le Pr Didier Raoult dans une vidéo publiée lundi 25 mai.

La toxicité cardiaque de ces médicaments est déjà connue, le réseau de pharmacovigilance français ayant déjà rapporté plus de 100 signalements d’effets indésirables (dont 4 décès soudains et 5 arrêts cardiaques ‘récupérés’) entre fin mars et fin avril. Quant à l’efficacité, cette nouvelle étude présentée ne répond toujours pas à la question de l’intérêt d’un traitement ultra précoce, dès l’apparition des symptômes. De nombreux essais cliniques prospectifs et randomisées encore en cours devraient y répondre.

Le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP), saisi par le Ministre de la Santé, en réaction à cette nouvelle publication, a rendu le 26 mai, un verdict sans appel en recommandant : « De ne pas utiliser l’hydroxychloroquine, isolément ou en association à un macrolide pour le traitement du Covid-19 chez les patients, ambulatoires ou hospitalisés quel que soit le niveau de gravité », et, de réévaluer le rapport bénéfice/risque de ce médicament lorsque les résultats des essais cliniques prospectifs, comparatifs et randomisées sur le Covid-19 seront disponibles. L’OMS a, quant à elle, décidé une suspension ‘temporaire’ des essais cliniques avec l’hydroxychloroquine, « par mesure de précaution ».

La situation aux Etats-Unis est bien différente puisque le Président lui-même a déclaré avoir débuté un traitement quotidien à titre prophylactique, alors qu’il dit ne pas être infecté…Révisera-t-il son jugement à l’aune des derniers résultats et des positions ?

Décidemment l’IHU de Marseille suscite une fascination présidentielle des 2 côtés de l’Atlantique…avec des réactions bien différentes …